Cette série, comme la série L, contrairement aux autres séries modernes, commence en 1790 et non en l’an VIII. Elle rassemble les domaines nationaux (période révolutionnaire) et les archives en provenance de la direction des Domaines, de l’Enregistrement et du Timbre. Elle est divisée en quatre sous-séries :
1Q. Domaine national : fonds de l’administration départementale (époque de la Révolution française)
2Q. Domaine civil (période postérieure à la Révolution française)
3Q. Enregistrement et timbre
4Q. Hypothèques
Cette série n’a pas fait l’objet d’un classement d’ensemble dans le département de la Corrèze. Seule la sous-série 1Q est pourvue d’un répertoire numérique ; des répertoires manuscrits et dactylographiés permettent une recherche aisée dans les fonds de l’Enregistrement ; les fonds des archives hypothécaires, bien que non répertoriés, sont faciles d’accès, classés dans l’ordre numérique des volumes à l’intérieur de chaque bureau (Brive, Tulle et Ussel).
L’ensemble représente 881 mètres linéaires.
Instruments de recherche. – Répertoire numérique de la série Q (Domaines), par Georges Mathieu, Tulle, 1913 ; répertoires manuscrits de la sous-série 3Q ; base de données informatique et bordereaux de versements pour les registres postérieurs à 1940 (445W, 461W, 1451W, 1458W, 1547W, 1676W, 1692W).
(41m.l.)
Les biens nationaux.
On désigne sous ce nom tous les biens mobiliers, immobiliers et fonciers saisis par la nation et mis en vente à son profit.
On distingue les biens de première origine qui proviennent pour l’essentiel des biens du clergé et les biens de seconde origine constitués essentiellement par le séquestre des biens des émigrés et des suspects.
Le 2 novembre 1789, l’Assemblée Constituante, confrontée à la nécessité de rembourser la dette de l’état, met les biens du clergé à la disposition de la nation à charge pour celle-ci de subvenir aux frais du culte. Dans un premier temps, les biens du clergé sont utilisés comme gage pour des billets en fortes coupures de 1000 livres portant intérêt à 5% : les assignats ; puis l’Assemblée arrête les conditions de vente des biens nationaux : les municipalités sont chargées des inventaires, des estimations, de la publicité, puis de la vente aux enchères publiques. Elles sont chargées également de faire l’avance des fonds, puis de se rembourser par les ventes, en conservant en prime 1/16e de la somme ; les particuliers se voient offrir des délais de paiement avantageux. Devant le succès de la vente, l’Assemblée décide, le 9 juillet 1790, que tous les biens nationaux pourront être mis en vente.
En juillet et août 1792, l’Assemblée législative décide de mettre en vente les biens des émigrés placés sous séquestre. La Convention croit que ces biens favoriseront l’accession à la propriété des paysans pauvres, à la différence des biens du clergé servant de gage aux assignats. Différentes modalités de vente sont mises en œuvre, mais sans résultats, et devant le mécontentement général, l’Assemblée ordonne, par le décret du 2 frimaire an II (22 novembre 1793), le morcellement de tous les biens nationaux quelle que soit leur origine. La loi du 12 prairial an III (31 mars 1795), destinée à accélérer les ventes, stipule que tout citoyen peur se faire délivrer sans enchères tel bien qu’il voudrait, à condition de payer 75 fois le revenu de 1790, en quatre termes de trois mois. Les quelques biens intéressants s’enlèvent rapidement, payés le plus souvent en assignats largement dépréciés. Un autre mode de paiement apparaît, quand l’assignat est remplacé par le mandat territorial ( loi du 28 ventôse an IV, 18 mars 1796) : on vend sur la base de 18 à 22 fois la valeur d’estimation de 1790.
La loi du 16 brumaire an V (6 novembre 1796) établit la vente aux enchères publiques : le paiement a lieu moitié en numéraire, moitié en papier. Par les lois des 26 vendémiaire et 27 brumaire an VII (17 octobre et 17 novembre 1798), on revient au paiement en numéraire.
Grâce à la vente des biens nationaux, le nombre des propriétaires terriens a doublé entre 1789 et 1815. Les mutations massives de propriétés qui en découlent, ont entraîné un très important bouleversement social.
Les documents conservés fournissent un tableau précis des patrimoines d’Ancien Régime, seigneuriaux, ecclésiastiques et même bourgeois, de leur mode d’exploitation et de leurs revenus, des droits seigneuriaux, des droits d’usage et des propriétés communales. Ils fournissent aussi de précieux renseignements sur la vie quotidienne, des châteaux aux cures de campagne, sur l’histoire de l’art et de la culture, sur l’histoire des techniques.
Fonds du département et des districts :
1. – Affaires générales :
Q 1-33. Instructions du gouvernement, correspondance du directoire du département et des directoires de districts, états résumant les opérations de vente, rachat des droits féodaux.
2. – Vente des biens nationaux :
Q 34-125. Vente des biens immobiliers avant le 28 ventôse an IV. Les biens sont classés par district et par type (1ère ou 2ème origine) ; en fonction de l’origine, c’est l’ordre des cantons qui prévaut pour le classement : estimation des biens, soumission des candidats à l’achat, adjudications.
Q 126-147. Vente des immeubles après le 28 ventôse an IV. Les estimations et les ventes sont classées par cantons (districts supprimés le 28 ventôse an IV)
Q 148-192. Inventaires et ventes des biens mobiliers. Classement dans l’ordre alphabétique des cantons.
3. – Administration du séquestre des biens :
Q 193-226. Ferme des biens nationaux. Les baux à ferme sont classés soit par cantons, soit par districts.
Q 227-266. Séquestre. Ordre alphabétique des cantons.
Q 267-375. émigrés, prêtres réfractaires, condamnés. Les titres relatifs aux émigrés ou présumés tels, détenus, condamnés, déportés ou reclus, sont classés dans l’ordre alphabétique des noms de personnes. Se trouvent aussi des dossiers comprenant des listes d’émigrés, des créances sur les émigrés, la liquidation des dettes des émigrés, ainsi que les registres de délibérations et arrêtés du directoire du département, puis de l’Administration centrale et du préfet, relatifs aux biens et pétitions d’émigrés (classés par ordre chronologique et couvrant la période 1793-1825).
4. – Liquidation de l’indemnité payée aux émigrés (loi du 27 avril 1825, « loi du milliard »)
Q 376-390. Dossiers individuels, 1825-1832.
5. – Administration et contentieux des domaines
Q 391-397. 1791-1825
6. – Biens communaux vendus en 1813 au profit de la caisse d’amortissement
Q 398-419. Ordre alphabétique des communes
Fonds de l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines :
7. – Liquidation de la vente et du séquestre des biens nationaux
Q 420-622. Ces documents proviennent de l’administration de l’enregistrement : émigrés, affaires générales, ventes, caisse d’amortissement, décomptes, 1790-1829
Q 623-709. Bureaux du département : Argentat, Beaulieu, Bort, Juillac, Treignac, Ussel, Uzerche, Tulle, 1791-1807. [voir sous-série 3Q pour la suite]
(0, 80m.l.)
Cette sous-série n’est pas ouverte. Elle se limite à quelques registres et boîtes concernant les baux du domaine militaire, le sommier des biens de l’état affectés et non affectés, le séquestre des biens ecclésiastiques.
Les inventaires des biens ecclésiastiques dressés en vertu de la loi de séparation des églises et de l’ état du 9 décembre 1905, sont classé en série V.
(526 m.l.)
Les droits d’enregistrement, établis par la loi des 5 et 19 décembre 1790, ont succédé aux droits de contrôle et d’insinuation qui existaient sous l’Ancien Régime. Les registres de formalité font suite aux registres de contrôle des actes, classés en série C.
Une nouvelle classification induit la constitution de trois séries de registres différents, en fonction de leur contenu : actes civils publics (actes notariés), actes sous-seing privé (dissociés à partir de 1799), mutations par décès. Une quatrième série, ouverte seulement dans les bureaux des villes sièges d’un tribunal civil, est exclusivement réservée à l’enregistrement des jugements et des actes de procédure de ces tribunaux et des justices de paix.
De nouveaux délais sont fixés pour la présentation des actes : dix jours si le notaire réside au lieu de l’enregistrement, vingt jours dans le cas contraire et trois mois après le décès pour les testaments.
La plupart des bureaux de formalité existants sont maintenus par le réforme de 1809, en règle générale, un par canton.
En 1865, un nouveau système est mis en place. Les tables disparaissent, à l’exception des tables de successions et absences, remplacées par un « sommier du Répertoire général » dans lequel chaque individu dispose, à partir du premier acte qu’il passe, d’une case où sont inscrits tous les actes qu’il va passer par la suite. Une table sur fiches permet de retrouver le numéro du sommier et le numéro de la case.
Les deux répertoires manuscrits des archives de la Corrèze comprennent une table des communes réparties par bureau d’enregistrement et par cantons ainsi qu’une liste des différents bureaux avec indication de leur date de création et de suppression.
23 bureaux sont répertoriés : Argentat (28 mars 1791-31 décembre 1869), Beaulieu (28 mars 1791-31 décembre 1957), Bort (28 mars 1791-8 juillet 1959), Brive (28 mars 1791-31 décembre 1969), Bugeat (13 juin 1874-9 mars 1917), Corrèze (28 mai 1867-26 août 1942), Donzenac (5 septembre 1810-26 juin 1942), Egletons (28 mars 1791-10 février 1961), Juillac (28 mars 1791-26 août 1942), Lapleau (déembre 1889-31 juillet 1934), Lubersac (13 septembre 1810-31 décembre 1969), Meymac (28 mars 1791-31 décembre 1969), Meyssac (28 mars 1791-12 juillet 1934), Neuvic (28 mars 1791-26 juin 1959), Objat (28 mars 1791-31 décembre 1969), Saint-Privat (22 octobre 1845-26 septembre 1942), Seilhac (12 mai 1842-24 juillet 1943), Sornac (15 mars 1877-23 décembre 1915), Treignac (28 mars 1791-31 décembre 1869), Tulle (28 mars 1791-31 décembre 1869), Ussel (28 mars 1791-31 décembre 1869), Uzerche (28 mars 1791-26 novembre 1959), Vigeois (25 octobre 1845-12 juillet 1934).
1. – Les tables
Elles existent depuis le XVIIIe siècle.
Une refonte est appliquée à partir du 1er janvier 1825 et réduit considérablement leur nombre. Les tables sous forme de volume sont supprimées à compter du 1er janvier 1866 et remplacées par un répertoire général, accompagné de fiches :
Les tables des contrats de mariage : elles durent jusqu’au 31 décembre 1865.
Les tables de successions . Trois types de tables existent jusqu’au 31 décembre 1824 : tables des extraits de sépulture et personnes réputées mortes après une longue absence, tables des inventaires après décès, tables des successions acquittées. Une table unique subsiste à partir de 1825 : la table des successions et absences.
Les tables des testaments : trois types de tables subsistent jusqu’au 31 décembre 1824, refondues en une seule jusqu’en 1865.
Les tables des vendeurs et acquéreurs. Quatre types de tables existent de la fin du XVIIIe siècle au 31 décembre 1824 : tables des vendeurs et anciens possesseurs, tables des acquéreurs et nouveaux possesseurs, tables des partages, tables des copartageants. Deux tables subsistent de 1825 à 1865 : table des acquéreurs et nouveaux possesseurs, table des vendeurs et anciens possesseurs.
Les tables des baux : elles subsistent jusqu’au 31 décembre 1865.
Sommiers et répertoires. Le répertoire général des enregistrements et déclarations, ouvert au 1er janvier 1866 supprime toute autre table à l’exception de celle des successions et absences.
2. – Les registres :
Les actes civils publics . Ils prennent en 1790 la relève du contrôle des actes de notaires établis par édit de mars 1693.
Ils comportent la nature de l’acte, les noms des parties, du notaire ou de l’administration, les droits perçus. Ils ouvrent la voie d’accès aux fonds notariaux.
Les actes sous-seings privés. La transcription littérale de l’acte est supprimée par l’instruction du 25 février 1839 ; l’analyse sommaire est encore diminuée par l’instruction du 31 décembre 1874. Ces registres livrent un grand nombre d’actes d’une infinie variété : billets à ordre, affiches et insertions d’annonces, lettres de change, pouvoirs et commissions, soumissions, procurations, polices d’assurances, actes de société, inventaires de meubles, actes d’apprentissage, de tutelle, nominations, mais aussi : testaments, échanges, obligations, baux et quittances.
Les registres et baux d’immeubles contiennent les baux sous-seing privé, les déclarations de locations verbales et les mutations de fonds de commerce.
Les déclarations de mutations par décès. Sont soumis à déclaration tous les actes ayant trait aux mutations de propriété ou d’usufruit de meubles et immeubles à la suite d’un décès, en ligne directe ou collatérale.
Le délai d’enregistrement est de six mois à compter du jour du décès et de un an pour les légataires résidant hors de France.
En 1791, les registres du centième denier non terminés sont poursuivis par ces déclarations. L’inscription des déclarations se fait à la suite les unes des autres.
Ce sont les registres les plus utiles au chercheur ; étroitement liés aux tables, ils permettent une recherche axée sur le nom des personnes concernées par l’acte.
Les actes judiciaires. L’enregistrement des actes des tribunaux de la circonscription se fait dans un délai de vingt jours.
La sous-série est close à la date de fermeture des bureaux (31 décembre 1969). Les registres de 1791 à 1807 sont en sous-série 1Q.
(314 m.l.)
Les conservations des hypothèques ont été créées par les lois du 9 messidor an III et 21 ventôse an VII (1er novembre 1798). Cette dernière loi institue plus précisément une conservation dans chaque chef-lieu ( une par arrondissement).
L’institution de l’hypothèque, garantie du créancier prise sur les biens immobiliers du débiteur, constitue en quelque sorte une forme d’assurance en matière de crédit foncier. Elle confère par ailleurs une publicité certaine aux transactions.
On trouve dans les registres des hypothèques tous les actes touchant à la propriété ; les actes sont transcrits intégralement ce qui fait des registres une intéressante source pour l’histoire sociale.
Cette sous-série est close au 1er janvier 1956, date d’entrée en vigueur du décret du 4 janvier 1955 portant réforme de la publicité foncière, qui a pour effet la clôture des répertoires, tables et registres indicateurs, et l’ouverture d’un fichier immobilier comme instrument d’accès aux registres.
Pour chaque conservation, les Archives départementales possèdent deux grandes collections de documents : les registres des inscriptions des privilèges et hypothèques (rangés par conservation sans être classés) et les transcriptions des actes de mutations (classés par conservation dans l’ordre numérique des registres, non cotés). Ces derniers sont très utiles pour le chercheur qui veut effectuer une origine de propriété.
Archives départementales de la Corrèze :
Série E. Les minutes notariales constituent le complément indispensable aux fonds de l’enregistrement et des hypothèques.
Série L. Entièrement consacrée à la Révolution, elle constitue un complément indispensable à la sous-série 1Q.
Série K. Publications officielles, contentieux.
Série P. Finances publiques.
Série V. Séquestre des biens religieux.
E dep. Archives communales déposées.
Archives nationales :
Sous-séries F 30-33. Archives centrales de toutes les administrations fiscales. En particulier :
F 33 353, 1110. Séparation des églises et de l’état. Classement départemental et communal, 1907-1922. Corrèze.
F 33 532. Biens des congrégations : dossiers par départements, 1910-1921.
F 33 639. Immeubles de l’état et Domaine public, 1871-1908. Corrèze.
Sous-série Q2. Vente des biens nationaux.
Archives Départementales de la Corrèze
4 route du Touron 19000 Tulle - Tél. +33 (0)5 55 20 11 91